mercredi 24 mars 2010

Un jour, je serai Chief Justice of India.


Ah la Supreme Court of India... Je rêvais depuis bien longtemps de m'asseoir dans ses grandes salles d'audience, toutes de bois recouvertes, et de regarder les plus grands juges de ce pays rendre d'importants verdicts. Mais le chemin a été long, n'entre pas qui veut dans la plus haute cour de justice du pays. A coup de grands formulaires, de photographies prises par webcam, de maintes photocopies, j'ai enfin obtenu le précieux sésame, un pass me permettant d'accéder à toutes les cours d'audience en présence de ce cher Anil, l'avocat m'accompagnant (et redoutable chanteur d'Opéra)Pour l'occasion, j'avais fait confectionner un tailleur sur mesure chez ma voisine (on ne se refuse rien...), avec dans l'idée de le porter également pour mes entretiens de Master 2 qui approchent doucement.

Anil se plaisait à me raconter que le Chief Justice of India ne pouvait être élu par ses pairs avant l'âge de 65 ans (et la retraite alors ?) et que c'était exactement l'âge qu'il allait avoir d'ici quelques mois. Même s'il doutait fortement (et à raison) de sa possible nomination, cela l'amusait de s'imaginer dans le rôle du "grand méchant juge".

La Cour d'audience de l'actuel Chief of Justice, ce cher K. G. Balakrishnan (oui, j'ai fait un copier-coller, j'ai un peu de mal avec l'orthographe de son nom) trône au sommet d'un grand escalier garni de mille et une fleurs, où il siège avec ses assesseurs, un à quatre selon l'importance de l'affaire. Déjà qu'en France il est parfois difficile de saisir la teneur des propos échangés du fait de l'acoustique, le problème reste le même en Inde. Ce à quoi il faut ajouter la complexité des affaires passant devant ce genre de juridiction, les usages et la procédure qui demeurent pour moi inconnus (ou tout de moins encore bien flous...).


(Regardez sa bonne petite tête !)

J'ai accès aux quartiers des avocats qui sont, soit dit en passant, bien vides. Mais ce n'est rien comparé aux bancs des parties au procès. D'un autre côté, les simples visiteurs ne sont pas autorisés à accéder à la Supreme Court, ce qui limite fortement le nombre d'entrées.

Nous visiterons donc ainsi de nombreuses cours, répondant tant de procès civils que pénaux etc. La paperasse s'entasse partout, les salles d'audience ressemblent à de véritables bibliothèques où gisent des piles de magnifiques livres reliés. Aux murs, de grandes peintures trônent représentants d'illustres juges, grands hommes de la vie judiciaire de leur temps aux noms intordables. Anil m'abreuve d'anecdotes, d'explications et me dresse des portraits de tous ces juges qu'il connaît bien, louant leur patience ou critiquant leur prétendue sévérité. Il aime les mondanités et me présente comme son amie venue de France. Même à la "cantine des avocats", il régalait ses collègues d'anecdotes et les informait sur les dernières rumeurs de corruption au Bihar.

J'ai également pu visiter, une par une, chacune des bibliothèques, toutes aussi belles les unes que les autres, regorgeant d'ouvrages que j'aurais bien aimé voir dans les rayons de la library de Delhi University, malheureusement bien faiblement dotée. De vraies mines d'or, de plusieurs étages pour certaines, dotées de cabinets de travail pour d'autres. Ici déambulaient de belles femmes en sari blanc et noir sous leur robe d'avocat et de sérieux bonhommes aux crânes chauves...


PS : J'aurais adoré vous régaler de sublimes photos prises par moi même, mais malheureusement, je crois que vous avez compris qu'en Inde, niveau sécurité, ils ne rigolent pas...

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