lundi 28 septembre 2009

J'ai une existence juridique.


Et je pèse mes mots. Tout cela n'est que le fruit d'une longue lutte entamée depuis des semaines ... A vrai dire, j'étais un peu anxieuse de me voir si "transparente" dans cette fac', même si j'avoue que cela m'arrange bien parfois. A part les doux mots d'accueil du doyen, qui paraissent bien lointains, c'est comme si je venais et partais sans que personne n'en sache rien, dans la mesure où je ne suis inscrite sur aucune liste des profs.

La bataille acharnée a donc commencé : je voulais une carte étudiante ! Ne riez pas, je vous vois tous d'ici rigolez, votre super carte Lyon III (ou autre) dans la main, avec laquelle vous pouvez justifier de votre statut d'étudiant (ça c'est pour l'UGC), mais aussi emprunter des livres à la bibliothèque (à petite dose) et même payer grâce à son système Monéo vos supers repas aux resto U (steack frites autorisé) ainsi que vos cigarettes pour vos soirées enfumées (tout ça avec votre photo prise alors que vous étiez jeune bachelier).

Ici, tout n'est pas si simple. La carte étudiant n'est pas attribuée de droit. Il faut prouver qu'on la mérite. Après tout, un étudiant en échange n'est pas un étudiant à part entière, ce n'est qu'un demi-étudiant. Si la faculté se réserve le droit de sélectionner ses étudiants, sur leur culture générale mais également sur leur niveau d'anglais, on ne peut pas en dire de même pour les membres de l'administration. A part le doyen (et encore ...) et le "profesor in charge", bienvenue à hindi-land, le pays où l'on ne comprend rien !

La première chose à faire est alors de se trouver un traducteur. Vous vous souvenez alors de cet indien collant, qui cette fois va devoir vous coller pour une bonne raison. Aller-retours, incessants, vous êtes même obligés de manquer des cours ... mais c'est pour la bonne cause.


(Dialogue retranscrit en français, abrégé et sans intermédiaire pour plus de clarté)

- Une carte étudiant ? Pour quoi faire ?
- Bah ... je suis étudiante ici, j'y ai droit donc ! J'ai même pas à me justifier ...
- Mais vous avez le droit d'aller aux cours, vous n'en avez pas besoin.
- Oui, merci, encore heureux que j'ai le droit d'aller en cours, il manquerait plus que ça. Mais c'est pas vous qui devez payer 300 Rs au lieu de 10 Rs dans les monuments parce que vous pouvez pas justifier de votre statut d'étudiant en Inde.
- Vous êtes en quelle année ?
- Mmmm ... ça dépend. 1ère, 2ème et 3ème.
- (air dubitatif)
- Je suis une étudiante en échange, je choisis mes cours.
- Mais vous êtes dans quelle section ?
- Bah, une fois de plus ça dépend, j'ai choisis mes cours un peu au hasard donc je change tout le temps.
- Il va falloir demander l'accord du doyen.
- L'accord du doyen ... mais pour quoi faire ? J'ai fais mon emploi du temps avec lui, j'ai ma lettre d'acceptation ... Il en a pas marre ce pauvre doyen que vous le dérangiez tout le temps ?
- Attendez, attendez, j'envoie un sous-fifre demander au doyen ce qu'il en est, il n'a que ça à faire. (1h30 plus tard ...)
- (Désespoir)
- Bon, c'est bon, il suffit de marquer "exchange student sur la carte", vous comprenez, je ne savais pas quoi mettre pour "année" et "section".
- Ah ouai ... dure la vie.
- Vous remplissez la carte, n'oubliez pas le groupe sanguin et le nom de votre père, son numéro et son adresse.
- Le nom de mon père ? Vous voulez lui envoyer une carte de voeu ? Je suis majeure et vaccinée, je crois que mon père va bien rigoler si vous lui passez un coup de fil aussi. Si il comprend.
- (Yeux exhorbités)
- Bon, je vais m'exécuter, mais c'est bien pour vous faire plaisir.
- Votre photo est trop grande, elle dépasse.
- Oh excuse moi si c'est le format réglementaire indien.
- Bon, il suffit d'attendre que "lemecquifaitdestampons" revienne de sa pause déjeuner.
- Je suis désolée Germaine, mais je viens déjà de louper deux heures de cours, il fait chaud, alors je ne vais pas l'attendre encore deux heures.
- 13h30 ?
- Non demain. Je rentre chez moi.


Ah oui ... Et ma carte de bibliothèque. Trop dur de faire un bout de carton, j'ai des mémoires à rédiger, mais je n'ai pas le droit d'emprunter de bouquins car je n'ai pas payer les frais d'inscriptions à Delhi University (euh ... alors, le principe d'un programme d'échange ...). A chaque fois que je veux un bouquin, je dois aller demander au doyen de les emprunter en son nom, après quelques aller-retours, quelques heures, quelques coups de tampon ... et avoir mentionné le numéro de téléphone de mon Papa.

1 commentaires:

Mickael a dit…

Un véritable blog à voyager au pays de mes souvenirs d'étudiant ! Je vais suivre tes aventures. Bonne chance à toi.